La pandémie de Covid-19 touche durement les acteurs de l’alimentaire, particulièrement les start-up. Freinées en pleine ascension, les jeunes entreprises doivent composer avec la crise. C’est le cas d’Amaltup, créée en 2018 et implantée à Parçay-sur-Vienne (37), en Touraine. Cette entreprise valorise les surplus saisonniers de lait de chèvre bio et son lactosérum en différents produits : barres, tartinables salés et confitures de lait. Elle se retrouve ainsi face à une problématique : continuer de transformer le lait, dont la collecte est en plein boom, alors que sa distribution ralentit et qu’elle a perdu 50 à 70 % de son chiffre d’affaires. « Nos produits sont commercialisés dans des épiceries fines, en restauration commerciale et dans des boutiques spécialisées, dont beaucoup sont à l’arrêt », explique Sébastien Duboc, dirigeant de la start-up. L'autre débouché, les magasins bio, fonctionne toujours, mais les consommateurs se dirigent vers les aliments de première nécessité et recherchent moins de produits originaux et de convivialité.
Focus sur la R&D
Face à cette baisse d’activité, la société adapte son quotidien. « En temps normal, je passe les deux tiers de mon temps à une activité commerciale auprès des enseignes de la région pour faire connaître nos gammes. En ce moment, je fais ce que j'avais pas le temps de faire. Je me consacre beaucoup au marketing, au développement produit… », illustre le gérant. Cinq nouvelles recettes de tartinables vont faire leur apparition en mai : potiron-muscade, lentille corail-paprika, houmous, olivade verte ou noire. D’autres lancements auront lieu en automne et au printemps 2021. La baisse d’activité est aussi l’occasion de trouver de nouveaux partenaires, en particulier en logistique pour les prochains nouveaux produits. Amaltup travaille aussi avec l’incubateur Food Val de Loire pour installer un outil de production dédié aux ingrédients santé et aux produits nutraceutiques.
Davantage de transformation
La jeune société a aussi mis les bouchées doubles sur la transformation, d’autant que la matière première ne manque pas. « Avec le Covid-19, nos laiteries partenaires ont aussi perdu leurs débouchés en restauration. Nous leur prenons donc plusieurs milliers de litres de plus afin d'éviter qu’elles exportent leur lait de chèvre bio à bas prix. Nos tartinables ont une durée de vie de trois ans, ça ne change rien pour nous d’avoir quelques mois en moins sur la DLUO », indique Sébastien Duboc.
Sur le plan financier, le dirigeant n’est pas inquiet. « Nous étions sur une courbe ascendante, et à ce stade, nous avons déjà dépassé le chiffre d’affaires que nous avions réalisé en 2019. Nous avons aussi bénéficié d’aides pour décaler nos emprunts et garder de la trésorerie », souligne-t-il. La production des barres, des confitures et des conserves étant sous-traitée, la TPE n’a pas eu besoin de mettre en place de chômage partiel. Elle espère pouvoir embaucher quand la crise sera finie. En attendant, le gérant reçoit de l’aide de son oncle, jeune retraité qui a travaillé dans les lancements produits en agroalimentaire, et de sa sœur, ingénieure spécialisée dans le commerce international.
Amélie Dereuder
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